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Ausgabe:

Juni/2020

Spalte:

535–536

Kategorie:

Neues Testament

Autor/Hrsg.:

Chrupcała, Lesław Daniel

Titel/Untertitel:

Il vangelo di Luca: analisi sintattica.

Verlag:

Mailand: Edizioni Terra Santa 2018. 708 S. = Analecta, 86. Kart. EUR 60,00. ISBN 978-88-6240-617-8.

Rezensent:

Armand Puig i Tàrrech

Ce livre se situe dans le courant traditionnel d’instruments philologiques que les écoles exégétiques de Rome (Institut Biblique Pontificale) et Jérusalem (École biblique et archéologique française, Faculté des Sciences Bibliques et Archéologie – PUA) ont fourni, surtout dans le passé, à la recherche sur le Nouveau Testament, dans le cadre précis de l’enseignement du grec biblique. Le modèle le plus proche à l’auteur de cet ouvrage est celui de Max Zerwick SJ († 1975), professeur à l’Institut Biblique Pontificale, qui a travaillé inlassablement sur la morphologie et la syntaxe du texte du Nouveau Testament. En ce qui concerne la syntaxe, Zerwick a publié un subsidium très réussi, Graecitas Biblica Novi Testamenti (1960) (cinquième édition en 1966), qui continue le petit livre qu’il avait déjà publié en 1953, Analysis Philologica Novi Testamenti Graeci (édition en anglais en 1996). Ce dernier livre, non cité dans la bibliographie, parcourt, comme le livre que nous présentons, tous les versets du Nouveau Testament et donne une analyse morphologique de chaque forme, nominale ou verbale –mais aussi des particules–, accompagnée d’une traduction au latin.
L’auteur décrit ses propos dans une »Premessa«, d’une seule page (7), suivie par une liste d’abréviations (8) et une bibliographie de vingt titres (9–10). Après ces très brefs préliminaires, on entre directement dans le corps du livre (11–708), où l’on analyse l’ensemble de l’Évangile selon Luc en tenant compte de chaque chapitre et chaque verset, traités de façon indépendant dans une sorte de lectio continua du texte grec. Dans chaque verset les matériaux sont divisés en trois parties: le texte grec, la correspondante traduction à la langue italienne et l’analyse syntactique de la phrase (ou phrases, ou demi-phrases).
Dans le livre on ne traite aucun problème rapporté avec la critique textuel. On se limite à suivre scrupuleusement l’édition vingt-huitième du Novum Testamentum Graece, le Nestle-Aland (Stuttgart, 282012). Le critère pour sous-diviser les propositions du texte grec a été celui de détecter les prédicats verbaux, soit un verbe avec des compléments, soit un participe absolu ou conjoint, soit un infinitif. Évidemment, la correspondance entre le grec et l’italien n’est pas totale, et par conséquent dans quelques occasions il n’est pas possible de diviser les propositions grecques et les propositions italiennes de façon complètement parallèle.
En ce qui concerne la traduction du texte édité dans le Nestle-Aland, l’auteur se réclame d’une »traduzione più fedele possibile« (7). Il s’agit donc d’une littéralité sans fissures – normale dans un ouvrage de ce genre –, même s’il est difficile éviter un certain littéralisme qui finalement défigure la traduction et donc le texte original. Trois sont les signes qui accompagnent la traduction à l’italien: les parenthèses, qui servent pour donner le sens de base de tel ou tel mot grec et donc expliciter quelques significations; les crochets, qui ajoutent ce qui manque ou ce qui est sous-entendu, et veulent faciliter aussi la compréhension du grec; les barres de séparation, qui montrent les différentes possibilités de traduction.
L’analyse syntactique se déroule avec des indications sur la fonction et valeur de chaque mot du point de vue de la syntaxe de la proposition et de la phrase. Dans certains cas, les plus discutés, l’auteur cite les positions des autres auteurs comme argument d’autorité ou bien il donne deux ou trois positions, en renvoyant à ceux qui les ont soutenues. D’autre part, il introduit quelques annotations d’ordre morphologique, quand il considère qu’il est strictement nécessaire.
Le livre qui nous occupe se place dans le domaine des instruments auxiliaires de l’étude néotestamentaire. Il permet se situer aisément par rapport aux enjeux de la syntaxe de l’Évangile selon Luc, avec une notable acribie et un bon sens philologique. Les observations de l’auteur sont utiles et fondées. On n’entame pas des longues discussions sur les différentes possibilités interprétatives, mais le lecteur parvient tout de suite au résultat ou résultats que l’auteur pense qu’il faut considérer. Le livre devient ainsi un outil qui se caractérise par l’opérativité: on suit une ligne de lecture qui fait comprendre les connexions syntactiques chez Luc et qui est, en outre, un résumé des positions de quelques auteurs. Ceux qui s’introduisent à l’Évangile lucanien vont en tirer du fruit.
En tout cas, l’utilité du livre reste conditionnée par le choix de faire une seule approche, celle philologique, au texte de Luc. On a écarté, par exemple, une incursion dans le domaine des champs sémantiques, comme l’ont fait Louw-Nida dans son dictionnaire (1988), et on a laissé également de côté les questions sur le style littéraire de Luc, sujet largement présent dans les études sur Luc publiées les dernières années. Il faut dire d’autre part que trop souvent on éprouve dans ces études un manque de discussions sur la syntaxe de la langue grecque, qui devrait toujours s’insérer dans les approches linguistiques, et même les précéder.
Prenons un seul exemple sur la méthode travail de l’auteur. La phrase de Luc 1,35 to gennômenon hagion klêthêsetai huios theou est expliquée dans les deux sens possibles. Soit on suit le dictionnaire Blass-Debrunner-Rehkopf et on considère que to gennômenon ha-gion est formé par un sujet avec un substantif implicite (»fils«, »enfant«) et un prédicatif (»saint«), ou bien on rattache hagion à klêthêsetai. Dans le premier cas, on devrait traduire »il nascituro santo, sarà chiamato figlio di Dio« (le participe présent, gennômenon, a une valeur de futur). Dans le deuxième cas la traduction serait la suivante: »il santo nascituro sarà chiamato figlio di Dio« (position attributive du participe par rapport à »saint«, adjectif substantivé). Mais on pourrait traduire aussi: »il nascituro, santo sarà chiamato, figlio di Dio«, comme Moule le propose (»fils de Dieu«, apposition à »saint«). Face à un texte difficile, l’auteur se limite à exposer les différentes possibilités et laisse ouverte la question. Je crois que c’est un des mérites de cet ouvrage: exposer les enjeux de la syntaxe du texte de Luc et ainsi orienter l’interprète qui en cherche le sens.