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Ausgabe:

1977

Spalte:

28-30

Kategorie:

Altes Testament

Titel/Untertitel:

Language and meaning 1977

Rezensent:

Zobel, Hans-Jürgen

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Theologische Literaturzeitung 102. Jahrgang 1977 Nr. 1

28

actuel que lie ä 7 ou ä 8 (E). Celaa-t-il des consequences pour
le ch. 28? Pas necessairement, mais j'ai peine ä en attribuer
ä J les vv 18 et 19 oü il est question d'une pierre erigee en
masseba alors qu'au v 11, J fait prendre des pierres (mea-
banlm) et non unedes pierres du lieu pouroreiller. Certes, le
rite d'onction convient bien ä J et ce rite parait parallele ä la
promesse de voeu du v 22, mais ce verset parait bien referer
la pierre ä ce qui a ete dit au v 18. Ici, la rcpartition des ver-
sets a des consequences evidentes sur la symbolique des
deux couches. Elle en a encore plus pour le ce-lebre ch. 18.
Au lieu de la distinction classique en J et E, les auteurs dis-
tinguent ici JA, JB, et E, n'attribuant ä ce dernier que les vv
13 a 16. Or, il me parait impossibled'attribuerä la memecou-
che les vv 13—15 qui visent les Egyptiens et comptent 400 ans
de servitude, et le v 16 qui vise l'Amorite et ne compte que
4 generations. Je suis d'accord que le recit J vise la descen-
dance, mais il me parait impossible d'attribuer 1—6 au meme
auteur alors que le v 3 est un doublet du v 2 avec l'annonce
explicite d'un nouveau discours d'Abraham. Le v 13, admis
comme de E, suppose quelques versets prealables; comme la
LXX au v 7 suppose Elohim et non Yahweh, le plus simple
est de reconnaitre que ce verset est elohiste. On n'a pas be-
soin d'un JB, quitte ä admettre une adaptation JE au v 8 qui
change un Elohim en Yahweh. C'est surtout pour l'Exodeet
les Nombres qu'ä mon avis les attributions des auteurs se-
ront contestees. Je ne vois pas en particulier comment attribuer
l'episode du serpent d'airain (Num 21,4—9) ä E. Ce culte
de divinite guerisseuse, si peu prophetique, s'etait main-
tenu au Temple de Jerusalem (II Reg 18,4) et releve donc des
traditions J du sud plutöt que E du nord.

Un autre type de difflcultes vient de ce qu'en isolant les
episodes pour mieux cerner le developpement de la tradition,
on risque d'oublier les connexions souvent fort eclairantes
de ces textes avec ceux qui leur font suite. Ainsi Gen 1 n'est
que l'introduction de l'Histoire Sacerdotale. En isolant ce
texte, ses elements liturgiques discrets, mais reels, risquent
d'etre obliteres (p. 89). Or mo'adim du vl4 peut difficile-
ment avoir un sens different du sens liturgique qu'il a en P
(Lev 32,2; Num 10, 10 ...). Plus important encore, le rapport
qu'il y a entre Gen 1,2 et 8,1 fort proches Tun de l'autre en
P. Ruah Elohim ne me parait pas pouvoir etre traduit par
Gottesturm (p. 54, 85): d'abord, parce qu'il est maintenant
prouve par Ugarit que r h p n'est pas un fahren hin und her,
mais la quasi-immobilite de l'oiseau qui plane, plus encore
du fait que Elohim en 8,2 fait passer la ruah sur les eaux.
Dans la ligne d'Is 51,9—10 qui transmute le vocabulaire my-
thologique de creation en images de salut, P transforme le
symbolisme createur de la ruah en un symbolisme de salut.

La meme necessite de traiter les textes isolement a peut
etre des consequences plus graves pour le recit J. Les auteurs
isolent une cosmogonie (2,4b—9) qu'ils joignent ä la creation
de la femme (18—20) pour trouver un Sitz im Leben nuptial
ä ces versets, totalement separes du ch. 3. Or ceci ne me parait
pas possible. Tout d'abord les recits cosmogoniques de
l'Ancien Orient ne sont jamais rediges pour eux-memes,
mais toujours en fonction d'un probleme plus large, rituel
(incantation cosmologique pour le mal de dent, Enuma
Elish); ou plus souvent politique (theologie memphite, Atra
Hasis royal sumerien ...). De plus, les connexions sont multiples
entre Gen 2 et Gen 3: l'arbre de la connaissance, le
jardin dont le couple va etre expulse, l'unite du couple qui
laisse Adam sans resistance aucune devant l'offre de la
femme, la nudite 'arummah qui est reprise intentionnelle-
ment dans le qualificatif 'arum donne au serpent. Le Probleme
n'est que secondairement nuptial, il est premierement
politique. Les auteurs parlent heureusement de familienpolitische
Gründe (p. 84). Gen 2—3 est une introduction aux
problemes dynastiques de l'heritage des promesses au temps
des Patriarches et de l'heritage royal ä la cour de Salomon
oü l'on sait le röle joue par les meres des candidats. Or, qui
dit probleme politique ä cette epoque dit probleme de sagesse
. Avant d'etre dans P, les problemes de sagesse sont
dans J. Non seulement le 'arum est un terme de sagesse,

mais en 3,6, l'arbre de la connaissance recoit un attribut de
sagesse (haskil) et, si cette connaissance du bien et du mal
est un discernement comme d'autres textes le font croire,
c'est lä encore un attribut royal (I Reg 3,9 cf 11). Le vieux
mythe de l'arbre de vie parait donc avoir ete remanie et
complete en fonction des problemes de sagesse de l'ideologie
royale. Cette sagesse etait aussi erudite et c'est ä l'addition
de 9bb', 10—14 que l'on doit les anomalies relevees par les
auteurs: suffixes feminins du v 15 se referant ä adamah
du v 9, et reprise en ce meme v 15 du 8b. Non seulement J
s'interesse au probleme dynastique, mais aussi au culte qui,
chez lui, joue un grand röle (p. 25). II s'y inteYesse dans le
Decalogue „cultuel" d'Ex 34,10ss, mais aussi dans l'offrande
(min eh ah) de Cain de d'Abel, l'holocauste qui clot le De-
luge, et les repas saercs comme celui de Gen 18,2—8.

Ce texte souleve un troisieme type de difflcultes: l'etablis-
sement du texte prebiblique. Dans le cas des cosmogonies et
du Deluge, nous avons une base textuelle solide, surtout
apres la publication de l'Atra-Hasis de Lambert et Miliard
(uuquel je donnerai la preference sur Gilgamesh dans les
tableaux synoptiques). Dans d'autres cas, c'est beaueoup
plus problematique. Dans le cas de la femme-soeur d'Abraham
, il me semble que le texte le plus ancienestGen 26,7 bis
11, et non Gen 12,10—20 qui est une insertion dans les depla-
cements d'Abram (13,3 s'aecroche ä 2,8—9) et n'apaslestraits
concrets de sejour ä Gerar. De plus, le texte de Gen 26 se
termine comme un probleme de coutume et je crois que
Speiser a bien detecte que cette coutume hurrite (qui avait
cesse d'etre comprise) est ä la base des trois recits bibliques.
Dans le cas du banquet de Gen 18, il me semble qu'il faudrait
partir d'Ugarit avec les frequents envois en mission de deux
divinites et les connexions surprenantes entre, d'une part la
visite de Kathir et Hasis ä Daniel et sa femme, d'autre part
la visite de Dieu et des deux autres personnalites que nous
saurons en 19,1 etre deux envoyes; Ugarit nous donne aussi
des annonces de naissance. J me parait avoir transforme le
hieros logos de Mamre par la presence du Dieu d'Abraham
et l'opposition entre l'hospitalite d'Abraham et la conduite
de Sodome. Quant au Stade preJahviste de l'histoire de Joseph
, on peut se demander s'il a existe. On retrouve ici l'art
et les connaissances de J comme en Gen 24 et Gen 27 avec
des allusions tres discretes ä l'action de Yahwe, avec la vi-
vacite du dialogue et avec le caractere dramatique de la
composition.

La derniere difficulte enfln reside ä expliquer les problemes
humains de ces auteurs anciens ä nos contemporains.
Nous sommes obliges de parier de Natur, de Welt, de Kosmos
, de Weltordnung. Or, ces coneepts ne sont pas dans les
categories de l'Ancien Orient (meme Gericht dans ces textes
). II n'y a pas de Welt ou de Kosmos, mais des puissances
qui s'affrontent avec lesquelles l'homme doit agir et com-
poser. II n'y a pas de nature, mais des natures qui s'entre-
choquent. Si la Bible a une vision plus biologique du developpement
de l'univers (la creation du ciel et de la terre est
meme pour eile une töledöt, generation), la Mesopotamie
a une vue plus dialectique oü le developpement se fait par
oppositions, et l'Egypte une vue plus etatique oü le dieu Re'
assure l'harmonie avec Horus et Maat (la justice-verite)
malgre Seth-Baal, le dieu de confusion. C'est ä travers des
luttes de puissances que leDieu d'Abraham fraie sa voie. Les
auteurs de ce livre important le savent bien; il est important
de se le rappeler quand on lit leurs analyses.

Paris Henri Capelles

Barr, J., Beuken, W. A. M., Gelston, A., Gibson, J. C. L., La-
buschagne, C.J., Leeuwen.C. van, and L.R.Wickham:Lan-
guage and Meaning. Studies in Hebrew Language and Bi-
blical Exegesis. Papers Read at the Joint British-Dutch
Old Testament Conference held at London, 1973. Leiden:
Brill 1974. V, 150 S. gr. 8° = Oudtestamentische Studien,
namens het oudtestamentisch Werkgezelschap in Neder-