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Ausgabe:

April/2006

Spalte:

372–374

Kategorie:

Neues Testament

Autor/Hrsg.:

M. Berger

Titel/Untertitel:

Association catholique française pour l¹étude de la Bible: Les Actes des Apôtres. Histoire, récit, théologie. XXe congrès de l¹Association catholique française pour l¹étude de la Bible

Verlag:

(Angers, 2003). Publié sous la direction de M. Berger. Paris: Cerf 2005. 281 S. 8° = Lectio Divina, 199. Kart. Euro 31,00. ISBN 2-204-07416-0.

Rezensent:

Jean Riaud

Aucun néotestamentaire n¹ignore que, plus que les autres livres du Nouveau Testament, les Actes des Apôtres (Ac) font l¹objet d¹âpres débats; l¹enquête porte sur la valeur historique du récit lucanien, sur sa théologie, sur sa tradition textuelle et sur les rapports entre Ac et les Actes apocryphes d¹apôtres. On ne s¹étonnera donc pas que, pour son XXe congrès, l¹Association catholique française pour l¹étude de la Bible (ACFEB) ait choisi de faire le point des recherches récentes sur ce livre, et de proposer de nouvelles pistes pour sa lecture. Le présent volume, constitué de neuf conférences, nous livre les fruits de ces travaux.

Comme, depuis 1950, l¹exégèse des Ac a beaucoup évolué, il convenait qu¹un état de la recherche soit dressé. Ce qui est fait excellemment par Odile Flichy (»État des recherches actuelles sur les Actes des Apôtres«) qui a su montrer les mutations de l¹approche historique, l¹apport original des lectures narratives et l¹étude du judaïsme ancien. La question de la double tradition textuelle des Ac qui, depuis le IIe siècle, circulent sous deux formes: le texte Alexandrin et le texte Occidental, est traitée magistralement par Roselyne Dupont-Roc qui montre comment on a renoncé à déterminer le texte plus ancien pour s¹attacher au texte Occidental et ses divers milieux récepteurs. Selon elle, »il importe peu de savoir comment Luc (et quel Luc) a laissé le texte, s¹il l¹a publié lui-même sous plusieurs formes ou si ces éditeurs ont publié texte et brouillon; ce qui nous frappe, poursuit-elle, c¹est cette ðhésitation herméneutiqueÐ (expression chère à Charles Perrot) qui caractérise le texte des Actes des Apôtres jusque dans la littéralité de son expression« (61).

Deux approches historiques sont menées par Marie-Françoise Baslez (»Le monde des Actes des Apôtres. Approches littéraires et études documentaires«) et Jean-Pierre Lémonon (»Les christianismes à Éphèse au Ier siècle«). M.-F. Baslez s¹intéresse au monde des Ac et à leurs destinataires. Particulièrement éclairante est, établie par elle avec la maîtrise qu¹on lui connaît, la comparaison des Ac avec la littérature de l¹époque. Cette comparaison lui permet de faire clairement apparaître que l¹auteur des Ac visait »le public cultivé des cités, celui qui connaît Homère et lit les romans, celui qui va au théâtre« (84), et qu¹il avait le souci de conduire des enquêtes et d¹exploiter »des sources de première main, orales, techniques ou livresques. Il connaissait donc bien son métier, à la façon d¹un historien local plutôt que d¹un émule de Thucydide et de Polybe«. J.-P. Lémonon, quant à lui, décrit les différents courants qui marquent les communautés d¹Éphèse au Ier siècle. La lecture qu¹il fait avec une acribie exemplaire de Ac 18,18­19,7 montre que Paul n¹a pas été le premier héraut de l¹Évangile à Éphèse. Dans cette ville, au sein du christianisme, se côtoyaient des courants théologiques divers. L¹auteur des Ac a habilement construit son récit »afin d¹inviter les groupes considérés comme marginaux à rallier le courant paulinien« (118), à ses yeux, normatif.

En s¹attachant à »l¹image de Paul dans les Actes des Apôtres«, Daniel Marguerat fait clairement ressortir »comment l¹auteur des Actes construit la figure de Paul comme le déploiement de l¹identité« (135). Si l¹on veut évaluer la réception »biographique« de Paul chez Luc, il faut prendre en compte son objectif spécifique: »raconter la mission de Paul s¹inscrit dans un déploiement de l¹identité du christianisme« (153). Paul est emblématique du devenir chrétien. L¹auteur des Ac s¹adresse à »une chrétienté en recherche identitaire, dont les liens se rompent avec la Synagogue, et qui assume progressivement son rôle de tertium genus entre Israël et les païens« (153). Il présente ainsi un christianisme universel qui hérite de ce que la tradition juive a de plus grand et de l¹universalité romaine. Situé au confluent des deux cultures, le Paul des Ac illustre la vocation chrétienne.

»L¹analyse rhétorique des discours d¹Apologie de Paul (Ac 22 et 26)« permet à Michel Quesnel de montrer que Luc s¹intéresse plus à la prédication qu¹aux questions judiciaires. Ces discours qui s¹inscrivent, rhétoriquement parlant, dans les pratiques judiciaires, sont aussi et surtout des prédications. En posant la question: »Les Actes apocryphes des apôtres témoignent-ils de la réception des Actes des Apôtres canoniques?«, Rémi Gounelle invite le lecteur à revisiter, dans une perspective moins dogmatique que dans les travaux antérieurs, les divers Actes apocryphes des apôtres.

Deux contributions plus théologiques achèvent ce volume. Laurent Villemin examine la place des »Actes des Apôtres dans l¹ecclésiologie de Vatican II«. Les Ac sont peu cités à Vatican II, en comparaison avec d¹autres écrits: 129 références seulement. Mais c¹est mieux que dans les textes des deux conciles précédents: neuf fois citations dans le concile de Trente et aucune dans le concile Vatican I. Carlos Mesters évoque »la lecture du livre des Actes des Apôtres dans les communautés ecclésiales de base du Brésil«, souligne la fécondation réciproque entre la recherche exégétique et la vie de l¹Église en montrant comment une communauté réintègre le livre des Ac dans sa vie.

Les néotestamentaires qui pratiquent l¹exégèse des Actes des Apôtres ont avec ce volume un panorama très intéressant, et les croyants, une aide fort précieuse pour »vérifier«, comme Théophile, »la solidité des enseignements [qu¹ils ont] reçus«.