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Ausgabe:

Dezember/2005

Spalte:

1353 f

Kategorie:

Systematische Theologie: Ethik

Autor/Hrsg.:

Brantl, Johannes

Titel/Untertitel:

Verbindende Moral. Theologische Ethik und kulturenvergleichende Humanethologie.

Verlag:

Freiburg (Schweiz): Universitätsverlag, Freiburg-Wien: Herder 2001. 277 S. gr.8° = Studien zur theologischen Ethik, 94. Kart. €33,55. ISBN 3-7278-1365-2 (Universitätsverlag); 3-451-27853-7 (Herder).

Rezensent:

Denis Mueller

Cette thèse de doctorat soutenue à la faculté de théologie catholique de Passau se veut une reprise théologique et éthique des perspectives ouvertes en éthologie humaine comparative par Irenäus Eibel-Eibesfeldt, qui a préfacé l’ouvrage.
La démarche de l’auteur est structurée en cinq parties: 1. une clarification méthodologique et théorique de la contribution de l’éthologie humaine comparative à l’éthique théologique; 2. une élucidation de la question des éventuels fondements biologiques de l’anthropologie, et en particuler de l’idée de liberté humaine; 3. une discussion du relativisme éthique en comparaison avec la possibilité d’un éthos universaliste; 4. des considérations sur le pouvoir et les limites de la raison pratique, en regard des apports de la biologie et de l’éthique évolutionniste à la problématique de la motivation; 5. une synthèse et des perspectives de développement, notamment en relation avec l’éthique féministe et le débat sur le communautarisme.
On le voit à la simple lecture de ce plan à la fois vaste et clair, l’auteur aborde les questions parmi les plus importantes et les plus centrales de la théorie éthique et de la théologie morale contemporaines.
La perspective théorique de l’auteur va dans le sens d’un refus de réduire l’éthique à la biologie; de ce point de vue, la contribution de l’éthologie humaine comparative est bien différente de celle de la sociobiologie et de sa reprise dans une éthique évolutionniste de type naturaliste. Il ne saurait être question dès lors d’un fondement biologique direct de l’éthique. L’auteur s’efforce au contraire de montrer que l’apport de la biologie et de l’éthologie fournit des attestations indirectes en faveur d’une éthique de la liberté et de la motivation. Tout déterminisme causal de la liberté est à écarter, par contre il convient de penser les déterminations particulières et partielles des motivations, des comportements et de l’agir humains. Afin de surmonter le relativisme éthique, il importe de dégager une série d’universaux, enracinés dans les données biologiques et éthologiques mais non directement fondés sur celles-ci. Plutôt que de parler de fondement biologique de l’éthique et de la liberté, il est donc préférable d’envisager les bases biologiques de l’humanum comme des présupposés nécessaires, mais non suffisants, d’une fondation transcendantale-normative. Mais, d’un autre côté, la conception de l’éthos planétaire (Weltethos) proposée par Hans Küng gagnerait à être davantage articulée avec les réalités éthologiques et culturelles telles qu’on les découvre dans la pâte humaine et sur le terrain. L’auteur développe les conséquences d’un tel éthos universel en montrant de manière renouvelée les liens entre la question classique de la nature et celle d’un primat de la rationalité pratique. Une éthique intégrative se dessine alors, avec pour objectif très convaincant de surmonter l’opposition stérile entre le relativisme et le subjectivisme d’un côté, un universalisme et un rationalisme abstrait d’un autre côté. La question demeure cependant de savoir, à nos yeux, comment concilier les tendances à la convergence, fortement soulignées par l’auteur, avec le conflit des interprétations et la légitimité d’un pluralisme éthique. Tant il est vrai que le relativisme (si fortement dénoncé par le cardinal Ratzinger lors de son homélie juste avant le conclave qui vient de le désigner comme le nouveau pape Benoît XVI) ne pourra être réellement défait qu’en pensant l’universalisme de manière plurielle et conclictuelle et non sur un mode autoritaire et totalisant.