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Ausgabe:

April/2003

Spalte:

376–378

Kategorie:

Bibelwissenschaft

Autor/Hrsg.:

Schüssler, Karlheinz [Hrsg.]

Titel/Untertitel:

1) Das sahidische Alte und Neue Testament. Vollständiges Verzeichnis mit Standorten. Lfg. 1: sa 500-520.

2) Das sahidische Alte und Neue Testament. Lfg. 1: sa 1-20.

Verlag:

1) Wiesbaden: Harrassowitz 2001. 124 S. 4 u. 6 Tafeln im Anhang = Biblica Coptica, 3,1. Kart. 54,00. ISBN 3-447-04458-6.

2) Wiesbaden: Harrassowitz 1995. 120 S. 4 u. 5 Tafeln im Anhang = Biblica Coptica, 1,1. Kart. 44,00. ISBN 3-447-03782-2.

Rezensent:

Philippe Luisier

Nous avions déjà présenté aux lecteurs de ThLZ (125 [2000] 965-966 et 126 [2001] 909) deux fascicules d'une grande entreprise lancée par le "Forschungsinstitut für Koptologie und Ägyptenkunde" de l'Université de Salzbourg sous le titre "Biblia Coptica". Il s'agit d'un répertoire complet des témoins de l'AT et NT en copte saïdique, la langue véhiculaire de la Vallée du Nil qui a été utilisée en tout cas dès la fin du IIIe siècle pour traduire la Bible. La version copte saïdique est intéressante en matière de critique textuelle tant par son ancienneté que par les leçons singulières qu'elle atteste; mais la version boaïrique du nord, malgré son caractère plus standardisé du fait que les témoins sont en général beaucoup plus tardifs, mérite à notre avis autant d'attention. Quoi qu'il en soit, c'est un effort plus que louable que de rassembler toutes les informations qui nous permettent de reconstituer les codices dépecés par le temps et l'incurie des hommes. En effet, bien des témoins saïdiques anciens, sur papyrus ou parchemin, ont été retrouvés par hasard ou lors de fouilles mal contrôlées et vendus en lots séparés. D'autres ont été récupérés cachés dans des bibliothèques et ont pu subir non seulement la dispersion entre divers acquéreurs, mais aussi l'étrange manie de classement de tel ou tel coptisant - il suffit de songer aux manuscrits parisiens du Monastère Blanc qui ont passés par les mains d'Amélineau. Avant toute édition du texte biblique saïdique, il faut donc réunir les fragments éparpillés de par le monde, mais on peut aussi compter, fort heureusement, sur quelques codices parfaitement conservés.

L'entreprise de Salzbourg n'est pas la première en ce genre. Elle peut s'appuyer sur des travaux préparatoires, voire des études quasiment exhaustives sur tel ou tel manuscrit. Ce qui la caractérise, c'est le luxe de présentation de chaque fascicule. Si l'Avant-propos et l'Introduction sont toujours très brefs - même dans le tout premier fascicule -, chaque témoin est décrit de manière détaillée, sans économiser l'espace. Les rubriques sont bien distinguées (lieu, contenu, constitution du codex, datation, matériel etc.) et facilement repérables. S'il est nécessaire, un schéma reproduit les divers cahiers. Tout ceci n'est qu'une vision d'ensemble et chaque fragment, quand le codex est à reconstituer, sera ensuite décrit minutieusement, avec la bibliographie qui le concerne. Comme on peut s'imaginer, un tel système remplit beaucoup de place et si tel prestigieux témoin bien conservé est discuté en une page (e. g. sa 7, le codex de l'Exode dans la collection Bodmer, fasc. 1.1, 48), d'autres en occupent dix-huit (sa 509, dans le fasc. 3.1, avec 53 fragments!). Tout ce patient travail est nécessaire, mais il faut néanmoins savoir le lire, car tout n'est pas de la même valeur dans cette masse documentaire et on a parfois la sensation que ce répertoire masque sous l'amoncellement de références certains défauts de méthode. Nous l'avions déjà noté dans les précédents comptes rendus, mais nous devons y revenir.

Dans l'Introduction au premier fascicule, on aurait pu s'attendre à de larges développement sur la situation de la Bible copte saïdique. L'A. ne nous donne en revanche qu'une liste des travaux essentiels, sans toutefois les distinguer correctement (1). En effet, les catalogues de manuscrits sont une chose, autre chose les grands articles de Vaschalde, Till et Nagel qui nous permettent de connaître tout ce qui a déjà été publié - une mine de renseignements qui reste indispensable à la recherche. On s'étonne aussi que l'A. ne mentionne pas à cet endroit Horner dont les éditions, certes dépassées aujourd'hui, constituent encore la base de n'importe quelle étude sur le NT copte saïdique et boaïrique. Horner a été le premier à reconstruire les codices pour son édition et il indique très scrupuleusement ses sources: il fallait au moins lui en rendre justice. On apprend en note que F.-J. Schmitz et G. Mink ont offert "einen wertvollen Beitrag" avec leur liste des manuscrits saïdiques des Évangiles (ANTF 8, 13 et 15): de fait, le travail de Salzbourg vient doubler celui de la "Liste"! Bref, la dette du "Verzeichnis" envers ses devanciers est beaucoup plus grande que ce qu'on veut nous en dire. Pour le moment d'ailleurs, le répertoire ne nous a pas apporté de grandes découvertes.

Passons aux abréviations bibliographiques de la Bible (5-6). Elles ont naturellement une fonction pratique, mais pourquoi l'A. divise-t-il les livres de l'AT en "Geschichtsbücher", "Lehrbücher", "Prophetische Bücher", "Apokryphen und Pseudepigraphen"? S'il s'agit de la Bible en copte, qui traduit le grec de la Septante, pourquoi mettre Tobie dans la dernière catégorie? Le ms. sa 20 de ce même fascicule contient précisément, outre Josué, le livre de Tobie: est-ce donc un apocryphe ou un pseudépigraphe pour les Coptes? Ces catégories, on le voit bien, n'ont rien à faire dans notre domaine et l'A. aurait dû se demander au préalable de quoi il retourne. Sa 6 (47) est décrit comme "inediert, doch einige Abbildungen bei Depuydt" - en fait, ce témoin est entièrement reproduit dans le premier volume de l'édition photographique en fac-similé publiée par Hyvernat, cf. Depuydt, Catalogue, I, 5. L'A. s'est corrigé plus tard, ainsi pour sa 508 dont l'énoncé est satisfaisant. En revanche, nous ne comprenons toujours pas pourquoi un témoin utilisé dans Horner doit passer pour inédit; c'est encore plus gênant pour Jn de sa 505 et 506, ainsi que Lc et Jn de sa 508, dont toutes les variantes ont été données, avec le perfectionnisme qui caractérise ses travaux, par H. Quecke dans les éditions du codex de Barcelone. Encore une fois: faudra-t-il publier indépendamment chaque manuscrit, voire chaque misérable bout de papyrus, pour qu'il mérite la mention "édité", alors que tant d'entre eux ont déjà été vus, lus et collationnés? Voilà des questions de méthode qu'il aurait fallu discuter dans les Introductions. Le lecteur est laissé sans guide, ce qui ne saurait déranger le néophyte, mais agace le lecteur plus averti.

Du reste, pourquoi sommes-nous arrivés au volume 3 et que nous réserve le volume 2? Pourquoi l'A. a-t-il choisi de commencer avec le numéro 500 les manuscrits du NT? Pourquoi le prestigieux codex de Barcelone - sa 1 dans la Liste de Schmitz-Mink! - n'est-il pas encore décrit dans ce fascicule 3.1, alors qu'on y trouve déjà des codices des Actes et de Paul? Aucune réponse ne nous est offerte et il est impossible de savoir quelle méthode a été suivie pour assigner à tel témoin tel numéro d'ordre. En revanche, on connaît maintenant, à l'euro près, ce qu'a coûté le premier volume (cf. VII). C'est donc une fois encore la même impression mitigée que nous ressentons à consulter ces fascicules. D'une part, la présentation soignée et le luxe de détails en font des ouvrages faciles à consulter et certainement utiles. D'autre part, l'absence de toute justification des critères qui président à certains choix d'importance cruciale nous surprend. Mais peut-être sommes-nous trop exigeant?