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Ausgabe:

September/2001

Spalte:

951–953

Kategorie:

Dogmen- und Theologiegeschichte

Autor/Hrsg.:

Gerwing, Manfred

Titel/Untertitel:

Theologie im Mittelalter. Personen und Stationen theologisch-spiritueller Suchbewegungen im mittelalterlichen Deutschland.

Verlag:

Paderborn-München-Wien-Zürich: Schöningh 2000. 279 S. m. Abb. 8. Kart. DM 78,-. ISBN 3-506-73175-0.

Rezensent:

Matthieu Arnold

Cet ouvrage broché, dû à la plume de Manfred Gerwing, qui enseigne notamment, en tant que Privat-Dozent, l'histoire des dogmes à la Faculté de Théologie catholique de l'Université de Bochum, se propose de présenter, de manière synthétique et en "évitant le jargon des spécialistes" (7), quelques figures et quelques étapes de la théologie médiévale. Ce choix implique une sélection (cf. infra, l'impasse sur la fin du IXe siècle et sur le Xe siècle) et un agencement thématique des matériaux abondants relatifs à la période traitée.

Après avoir exposé, dans une introduction (7-13), les objectifs et les limites de son étude (7-10) ainsi que les évolutions du sens de "Deutschland" au Moyen Âge (10-13), G. déploie son étude en six sections:

La première section (= Kapitel II, 14-31), relative à la période carolingienne (VIIIe-IXe siècles) commence par examiner le programme d'Alcuin, qui combinait les projets d'expansion politique de Charlemagne à l'ordre missionnaire de Mt 28, 19, avant de s'attacher à la querelle liée aux images et à la question du "filioque", puis aux débats liés à la prédestination et au semi-pélagianisme entre Gottschalk le Saxon et Hrabanus Maurus, archevêque de Mayence. Un bref excursus est consacré à Jean Erigène.

La deuxième section (= Kapitel III, 32-69) fait un saut de deux cents ans. (P. 32: "Die dazwischen liegenden zwei Jahrhunderte werden - vor allem hinsichtlich der dürftigen Quellenlage - als die "dunklen" bezeichnet ... Auch die theologisch-philosophische Reflexion dieser Zeit artikulierte nichts überraschend Neues.") Au XIe siècle, il est question de la querelle des investitures entre le Pape et l'Empereur (conflit entre le sacerdotium et l'imperium), puis des Croisades, mais aussi de la reprise, par des moines tels que Manegold von Lautenbach (1103), des idées de l'Antiquité païenne (Macrobe) sur les liens entre Dieu, la cosmologie et l'astrologie, ainsi que de l'emploi de la logique aristotélicienne pour fonder rationnellement la doctrine relative à la Sainte Cène (Berenger de Tours). Un long excursus (56-69) est consacré à Anselme de Canterbury, lequel fit de la foi une vérité objective et non plus une opinion (58).

De la troisième section (= Kapitel IV, p. 70-124), très dense, on retiendra les tentatives médiévales de périodisation de l'histoire du monde en lien avec l'histoire du Salut (Heilsgeschichte: Rupert von Deutz, Gerhoch von Reichersberg, Honorius Augustodunensis).

La quatrième section (= Kapitel V, 125-187), la plus importante de l'ouvrage, se consacre aux grands théologiens de Cologne qui, par la confiance qu'ils ont accordée à la ratio, ont contribué au passage de la "science théologique à la théologie scientifique" (131): Albert le Grand, Thomas d'Aquin et Duns Scot (131-134); elle présente ensuite brièvement l'école d'Oxfort, avec Guillaume d'Ockham (154-160), avant de livrer des aperçus sur la mystique allemande (160-187: Maître Eckhart, Johannes Tauler, Henri Suso et Jan van Ruusbroec).

C'est avec des figures moins connues que la cinquième section (= Kapitel VI, 188-228) tente de nous familiariser: si Hildegarde von Bingen (191-195) est passée a la postérité et a suscité une abondante littérature ces dernières années, on ignore sans doute davantage la pensée de sa contemporaine Elisabeth von Schönau (195-200), à laquelle on doit notamment un Liber visionum, ou celle de Gertrude la Grande (207-215), née un siècle plus tard et qui a développé le thème de l'amour du Christ pour les humains (212). Ces pages consacrées aux théologiennes sont suivies par une présentation de l'école de Vienne, dont l'Université fut fondée en 1365: Heinrich von Langenstein, Heirich Totting von Oyta et Nikolaus von Dinkelsbühl (215-228), penseurs qui se caractérisent par une "Frömmigkeitstheologie" (215).

L'ouvrage se conclut sur dix pages (= Kapitel VII, 229-238) consacrées à la biographie et à la pensée de Nicolas de Cues.

L'une des forces de ce livre est de ne pas présenter une histoire des dogmes désincarnée: en replaçant, fût-ce brièvement, chacun des auteurs dans leur contexte historique et intellectuel (cf. notamment les pages introductives au chapitre V, qui examinent l'essor et le développement des ordres mendiants, 125-131), et chacun de leurs écrits dans le cadre de leur biographie, G. établit, de manière convaincante, les interactions entre la théologie et l'histoire des mentalités.

De nombreux documents (photographies de documents d'époque - p. 15, 139: manuscrit d'Albert le Grand, 145: manuscrit de Thomas d'Aquin, etc. -; tableaux conçus par l'auteur - p. 54, 79: les quatre sens de l'Écriture, 84, 86s., 105s., 109, etc.-, même si tous ne brillent pas par leur clarté, cf. par ex. p. 68, le tableau représentant la relation entre Dieu et le monde d'après Anselme de Canterbury; illustrations: p. 100, 116, 126, 134s., etc.) facilitent la lecture de cet ouvrage. Par ailleurs, tout en témoignant d'un effort considérable de synthèse, ce volume se garde cependant de toute simplification abusive (cf. par ex., p160-162, la prise de position de G. dans la discussion sur une définition de la mystique allemande), et nous fait participer à certains débats historiographiques (cf. 163s., la mention des débats entre K. Flach et A. Angenendt sur l'interprétation purement philosophique de la pensée d'Eckhart).

Une importante bibliographie (239-274) et un index des noms propres et des thèmes (275-279) contribuent à faire de cette étude un ouvrage de référence (même si nous regrettons vivement qu'il soit dépourvu d'une conclusion d'ensemble), dont on recommandera la consultation tant aux spécialistes qu'aux étudiants.