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Ausgabe:

April/2018

Spalte:

345–346

Kategorie:

Neues Testament

Autor/Hrsg.:

Doré, Joseph [Éd.]

Titel/Untertitel:

Jésus. L’encyclopédie. Sous la direction de J. Doré.

Verlag:

Coordination: Ch. Pedotti. Paris: Albin Michel 2017. 843 S. Geb. EUR 49,00. ISBN 978-2-226-32649-2.

Rezensent:

Jean Riaud

L’encyclopédie, conçue et dirigée par Joseph Doré, est unique en son genre. On n’y trouvera pas l’ensemble de la doctrine chrétienne sur Jésus le Christ ni une enquête sur l’essentiel des positions prises à son égard durant les quelques vingt siècles de christianisme qui nous rattachent à lui. Son originalité est qu’elle dresse sur plus de 800 pages le portrait de Jésus, figuré éminente de l’humanité et présente son message. Autrement dit, est tiré au clair ce que le Nouveau Testament rapporte à son sujet, en montrant autant que possible comment et pourquoi il le fait. Synthèse de toutes les données établies, voire discutées par la recherche historique, elle répond sans tabou à toutes les questions que le lecteur peut se poser.
C’est l’œuvre de Luc qui est retenue comme fil conducteur, non sans faire appel aux deux autres synoptiques et l’évangile de Jean. La raison de ce choix est que Luc couvre l’ensemble du parcours de Jésus, depuis son engendrement »jusqu’au moment où il nous fut enlevé«, selon l’expression des Actes des Apôtres (1,2), livre que Luc, le seul des évangélistes, a composé pour relater les commencements de l’Église.
L’encyclopédie comprend trois livres, aisément repérables par leur couleur dominante. Sous le titre Commencements, il est souligné d’emblée que »tout est parti d’une rumeur«, celle qui, très peu de temps après la mort de Jésus, a fait état de sa »résurrection d’entre les morts«. Ensuite, on traite de sa naissance, de son enfance, et de ce qu’on appelle sa »vie cachée« pendant quelque trente ans en Galilée, et on termine sur son »entrée en scène« pour ce que seront sa vie et son ministère publics. Intitulé Passion et résurrection, le troisième livre évoque ses »adieux«, puis le déroulement de sa Pas-sion et de sa mort pour déboucher sur les mystérieux événements qui suivront.
Chacun des vingt-sept chapitres commence par un prologue narratif, évocation littéraire du récit évangélique, intitulé: »On pourrait raconter les choses ainsi«. Bien qu’il en tienne compte, ce pro-logue ne se situe pas sur le registre scientifique. Il permet aux lecteurs d’entrer facilement et pertinemment dans la thématique abordée et de mieux percevoir son suivi. Viennent ensuite des exposés de spécialistes traitant en détail de l’épisode ou de l’enseignement à chaque fois en cause. Ces quelque soixante-dix historiens, exégètes et autres spécialistes n’ont pas été sollicités en raison de leur position religieuse. Aussi ne trouve-t-on dans cette encyclo-pédie ni prosélytisme ni piété affichée. C’est au nom de leur seule compétence reconnue dans la spécialité qui est la leur qu’ils ont participé à cette magnifique entreprise. Certes, nombre d’entre eux appartiennent à telle institution chrétienne et se reconnaissent un lien à Jésus de l’ordre de la foi, cependant leur contribution est la preuve que l’on peut être à la fois savant, intelligent et croyant.
Ces articles de fond sont toujours suivis par un ou des éclairage(s) portant sur un point qui demande explicitation ou explication. Ainsi, pour prendre un exemple, L’article L’évangile de l’enfance chez Matthieu est suivi des éclairages suivants: »Pourquoi deux généalogies?« »Qu’est-ce que la conception virginale de Jésus?« »Que signifie le nom de Jésus?« Ces éclairages qui relèvent encore de l’exégèse critique, diffèrent en cela des contrepoints qui les suivent, dans lesquels des spécialistes venus d’autres horizons (judaïsme, éthique, psychanalyse …) livrent leur point de vue sur une question relevant de la thématique du chapitre. C’est ainsi que viennent après les éclairages mentionnés ci-dessus les contrepoints »La datation de la naissance de Jésus«; »Bethléem dans la Bible«.
Enfin, à la fin de chaque chapitre, une carte blanche est offerte à une personnalité qui y exprime ce que lui suggère personnellement l’évocation de »Jésus«. Qu’elle soit de confession chrétienne (catholique, protestante ou orthodoxe), juive ou musulmane, athée ou agnostique, elle a été invitée à livrer en toute liberté une pensée, une parole singulière qui n’engage qu’elle-même. À côté du corpus essentiellement exégétique et historique de cette encyclopédie, il est fort intéressant que des personnalités de tous horizons puissent témoigner, de façon très diverse, de ce qui les motive aujourd’hui à porter attention à »l’homme de Nazareth«.
En dehors des cartes et photographies d’archéologie, une illus­tration à la fois choisie, abondante et soignée, est légendée par François Boespflug, le grand spécialiste de l’art sacré.
Un glossaire, une bibliographie complètent Jésus. L’encyclopédie dont les auteurs ont voulu, bien au-delà des cercles chrétiens s’adresser à tous ceux qui s’intéressent au religieux et au spirituel dans la culture et la société d’aujourd’hui. Préoccupés de parler à ceux qui sont à distance de la foi, ils ne se font pas faute de s’adresser aussi aux chrétiens qui seront conduits à s’interroger sur le sens de leur conviction. Il leur sera montré, chapitre après chapitre, qu’ils doivent s’engager dans une interprétation des textes, et donc, pour ce faire, de faire appel à deux disciplines incontournables, étroitement liées, l’histoire et l’exégèse. Alors, grâce à la pratique de cette encyclopédie, ils découvriront comme neufs, étonnants, voire énigmatiques des textes qui leur semblaient souvent familiers à force de les entendre. Ils pourront alors partager la découverte étonnée qui fut celle des habitants de Samarie, qui, ayant rencontré eux-mêmes Jésus descendu dans leur ville, déclarèrent à celle qui s’était entretenue avec lui au bord du puits de Jacob: »Ce n’est plus sur tes dires que nous croyons [en Jésus]: nous l’avons nous-mêmes entendu.«