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Ausgabe:

Dezember/1999

Spalte:

1234 f

Kategorie:

Neues Testament

Autor/Hrsg.:

Aguirre, Rafael

Titel/Untertitel:

Del movimiento de Jesús a la Iglesia cristiana: Ensayo de exégesis sociológica del cristianismo primitivo.

Verlag:

Estella: Verbo Divino 1998. 225 S. gr.8. ISBN 84-8169-156-9.

Rezensent:

Giuseppe Barbaglio

Les deux caractéristiques de ce travail apparaissent clairement dans le titre et le sous-titre: Aguirre veut tracer les étapes de l’évolution qui a transformé le mouvement de Jésus (les années 1-70) dans l’église établie à la moitié du II siècle à travers un procès de institutionnalisation, et il le fait à travers une "exégèse sociologique", qui veut "découvrir et expliquer l’interaction dialectique de l’expression littéraire théologique et l’expérience sociale, analiser la corrélation entre realitées sociales et symbolisations religieuses" (p. 14).

L’auteur qualifie le mouvement de Jésus, selon une catégorie sociologique souvent employée, de millénaire, caractérisé par l’élan eschatologique (pp. 32ss) et le bouleversement des codes sociaux du temps: l’honneur, la richesse, la famille. Paul est au même temps un héritier du carismatisme primitif et celui qui a créé les débuts de l’institutionnalisation du mouvement de Jésus. C’est cependant la tradition paulinienne, Col, Ef et 1 Pt- postpaulinienne, dit Aguirre - et les Lettres Pastorales surtout - deutéropaulinienne -, qui est responsable du procès complet d’adaptation à la société et a ses lois, une adaptation qui l’auteur reconnaît nécéssaire si le mouvement chrétien veut éviter d’être élitaire.

Le travail de Aguirre veut étudier concrètement les influences sociales sur le mouvement de Jésus d’abord et ensuite sur Paul et les autres écrits chrétiens des origines. Ainsi, il met en relief les facteurs géographiques ou écologiques, etniques, politiques, oeconomiques et culturel-religieux qui ont enfluencé Jésus et son mouvement (chapitre II: pp. 23ss.). Ensuite il qualifie l’image de Dieu présent en Jésus, Dieu d’acceptation inconditionelle des malhereux et des pécheurs en opposition au Dieu du temple et de la Loi de la société juive (chapitre III: pp. 53ss). En particulier son attention s’adresse à "la maison comme structure fondamentale du christianisme primitif: les églises domestiques" (chapitre IV: 79ss), et sur les codes familiales (die Haustafeln) temoignés en Col, Ef, 1 Pt et dans les Pastorales (chapitre V: pp. 111ss), dans les quelles on peut relever "une progressive légitimation de l’ordre social et la patriarcalisation de l’église" (p.140) avec l’introduction dans les structures ecclesiales des paradigmes de l’organisation domestique patriarcale de la société grecque et romaine du temps. Dans le chapitre VI (pp. 145ss) sont analisées les conditions sociales des communautés chrétiennes temoignées surtout par Paul, Luc e les lettres Pastorales. Enfin l’auteur met en évidence les rôle des femmes respectivement dans le mouvement de Jésus, chez Paul, dans sa tradition et jusqu’à la moitié du II siécle, un procès qui va de la liberation des femmes au niveau de Jésus à leur assujettissement dans le II siècle, et qui par réaction a provoqué les mouvements libertaires du marcionisme et montanisme (pp. 187ss).

Le travail de Aguirre sait présenter dans une synthèse soignée les acquisitions plus ou moins sûres des études récentes d’histoire sociale et de sociologie du christianisme des origines des auteurs bien connus, comme Theissen, Meeks, Horsley et en général l’école americaine. Mes annotations critiques sont foncièrement deux. Avant tout Aguirre néglige la distinction entre Jésus et la première communauté chrétienne étudiés ad modum unius; ainsi il n’a pas la difficulté de séparer dans les évangiles ce qui appartient à Jésus et ce qui, au contraire, remonte à la première communauté chrétienne et aux évangelistes; mais même si le quadre social exterieur est le même, on doit dire que du point de vue social les communautés sont différentes du groupe de Jésus et ses disciples, sans dire de l’évolution des croyances provoquée par la foi dans la résurrection de Jésus. En deuxième lieu, je ne suis pas convaincu d’une ligne droite qui conduirait de la pureté du mouvement de Jésus à la décadence des Lettres Pastorales et des écrits du II siècle: les phénomènes historiques et sociaux sont plus complexes.