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Ausgabe:

März/2015

Spalte:

244–245

Kategorie:

Kirchengeschichte: Reformationszeit

Autor/Hrsg.:

Villani, Andrea [Éd.]

Titel/Untertitel:

Lire les pères de l’Église entre la Renaissance et la Réforme. Six contributions éditées par A. Villani avec une préface de B. Pouderon.

Verlag:

Paris: Beauchesne Éditeur 2013. 173 S. = Collection Christophe Plantin, 2. Kart. EUR 44,00. ISBN 978-2-70102006-8.

Rezensent:

Marco Rizzi

Fruit d’un journée d’étude qui eut lieu dans l’automne 2010 à l’Université Rabelais de Tours et soutenu financièrement par le Centre d’études superieures de la Renaissance de cette Université, le vol-ume rassemble les contributions de six jeunes chercheurs italiens, français et suisses, actifs dans plusieurs universités et institutions scientifiques européennes. Sans aucune prétention d’offrir une présentation complète d’un phénomène imposant, tel qui était la diffusion des textes des Pères de l’Église aux XV e et XVIIe siècles, chacune de ces études montre une facette d’un vaste processus historique dans lequel la récupération des premiers textes chrétiens découlait de motivations très différentes.
Comment précise Andrea Villani dans son introduction, lire les Pères peut signifier, tout à la fois, s’interroger sur les thèmes propres aux écrivains chrétiens de l’Antiquité en le faisant siens, surtout à la lumière des profonds bouleversements théologiques, ecclésials et plus généralement culturels commencés par l’humanisme; mais aussi éditer leurs textes à partir de la découverte des manuscrits qui les ont conservés; ou bien les traduire en langue vulgaire ou en latin, quand le texte originel était en grec.
Tous ces types d'activités sont présents et étudiés dans le vol-ume: Villani même examine la première traduction latine du Contre Celse d’Origène par Christoforo Persona (1416–1485), bibliothécaire du Vatican, qui avait pris cette tâche par Théodore Gaze, qui n’était pas en mesure de répondre à la demande du pape Nicolas V pour une traduction du chef-d’œuvre de l’apologétique grecque; a son tour, Barbara Villani compare en détail les traductions du premier livre du De Adoratione de Cyrille d’Alexandrie par la plume de Jean Œcolampade (1527, seul le premier livre), Bonventure Vulca-nius (entre 1559 et 1570, traduction complète des 7 livres) et Antonio Agelli (1588, aussi complète). La dimension théologique des Pères de l’Église et sa pertinence pour le nouvel horizon culturel et les conflits religieux est au centre des essais de Emiliano Fiori, sur la réception de certains aspects de la pensée de Denys l’Aréopagite dans le système philosophique et cosmologique de Marsile Ficin, et de Mickaël Ribreau, sur Luther et son usage du Contra Iulianum d’Augustin dans la période allant de la commentaire à l’Épître aux Romains de Paul au traité sur le serf arbitre. Enfin, attention aux aspects littéraires et intérêt pour les contenus théologiques se mêlent dans les auteurs au centre de deux restantes chapitres du volume: Luciano Bossina analyse soigneusement les changements proposés par les divers éditeurs et traducteurs (Willibald Pirkheimer, Michael Neander, Pier Francesco Zini, Leone Allacci et José Maria Suares) au titre de l’œuvre ascetique du Nil d’Ancyre, qui reflètent les diverses et conflictuelles positions sur la vie monas-tique des catholiques et des réformés au cours du XVIe siècle; Matthieu Cassin étude les trois éditions du Discours sur la divinité du Fils et de l’Esprit de Grégoire de Nysse dans la seconde moitié du seizième siècle (par Joachim Camerarius, 1564; Laurant Sifanus, 1568; et David Hoeschel, 1591), en montrant comment cette œuvre n’est pas considérée, à l’époque de sa publication, comme un enjeu théologique immédiat au sein des controverses du moment; au contraire, ce qui prime alors c’est la valeur littéraire d’un exposé religieux, selon une attitude encore de nature humaniste.
Même si aucun des contributeurs n’est pas un expert de la Re­naissance ou de la Réforme et Contra-Reforme, le volume est toutefois une lecture cohérente et homogène, car le point de vue adopté par chacun d’entre eux est celui du philologue classique et patris-ticien qui s’interroge sur la réception des textes qu’il étudie habituellement dans leur contexte propre, ayant une considération particulière pour la forme des différents écrits, ainsi que de leur contenu. De cette façon, il a été possible d’éviter le risque d’écraser le processus complexe de la récupération des anciens écrits chrétiens exclu-sivement sur leur utilisation dans les débats théologiques et les polémiques entre Catholiques et Réformés. Il en ressort que, d’une certaine manière, l’effet de la redécouverte humanistique des clas-siques, dont ont également profité les pères de l’église, a continué bien au-delà du déclenchement du conflit religieux et de la figure même d’Erasmus, qui reste le tournant décisif de ce mouvement.
Comme Bernard Pouderon écrit dans sa préface, le lecteur sera reconnaissant »à ces jeunes chercheurs pleins d’avenir d’avoir entrepris cette série de mises au point, pour fournir matière à une ample réflexion sur les rapports des théologiens de la renaissance ou des débuts de l’âge classique avec la tradition patristique, qu’ils eussent été inspirés par la recherche de la vérité ou de la pureté doctrinale, par l’esprit polémique ou par l’appétit de connaître et les ambitions du savant.«