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Ausgabe:

Februar/2014

Spalte:

199–201

Kategorie:

Neues Testament

Titel/Untertitel:

Gesù Cristo e il popolo ebraico. Interrogativi per la teologia di oggi. A cura di Ph. A. Cunningham, J. Sievers, M. C. Boys, H. H. Henrix, J. Svartvik. Prefazione del Card. W. Kasper.

Verlag:

Roma: Gregorian & Biblical Press 2012. 416 S. = Bible in Dialogue, 5. Kart. EUR 30,00. ISBN 978-88-7653662-5.

Rezensent:

Armand Puig i Tàrrech

Aprés l’édition anglaise publiée en 2011 chez Eerdmans sous le titre de »Christ Jesus and the Jewish People Today«, c’est maintenant la traduction italienne de cet ouvrage qui est offerte aux lecteurs. Au début de cette traduction il y a un Colloque qui a eu lieu à Rome au mois de septembre 2005 à l’occasion des quarante-cinq ans de la Déclaration Nostra Aetate du Concile Vatican II (28 octobre 1965), ainsi que quelques consultations, parmi lesquelles celle qui s’est tenue à Arricia (Italie) au mois d’octobre 2006, organisée par l’Université Grégorienne Pontificale et quelques imstitutions acadé­miques des Ètats Unis d’Amérique et aussi de Belgique. On peut dire avec le Cardinal Kasper, que Nostra Aetate est la réponse officielle de l’Église Catholique à la shoah, laquell, il faut bien le dire, a seulement réagi vingt ans aprés la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. En tout cas, depuis 1965, l’antisémitisme a été récusé en tant que contraire au catholicisme et on a reconnu les racines hébraïques du christianisme, tel que le montrent les déclarations des derniers Papes. Le dialogue a substitué l’agression. Ou même, si on reprend les propos du Cardinal Kasper, les traités Pro Judaeis ont pris la place des anciens Contra Judaeos (7). On ne peut tout de même pas dire que le rapprochement entre juifs et chrétiens ait déjà abouti à des résultats définitifs. Non, ce livre montre exactement le con­-traire, il faut encore parcourir un long chemin fait d’échanges théologiques et de dialogue académique en tâchant d’éviter l’irénisme et les solutions fictives. Il n’est pas facile de fixer les buts d’un débat qui, en dernier temps, reste insoluble en ce qui concerne le rôle de Jésus, circoncis selon la chair et Fils de Dieu selon son identité ultime, refusé en tant que prophète par le judaïsme et reconnu comme objet primaire de la foi de l’Église chrétienne.

Le livre est divisé en cinq parts. Aprés une présentation de l’édition italienne (I–II, J. Sievers), le Cardinal W. Kasper écrit le prologue (5–14) et les éditeurs justifient la genèse du livre dans l’introduction (15–31). Une contribution spéciale est offerte par H. Heinz à la mémoire du Rabbi M. Signer qui avait participé aux débats ayant précédé cette publication (33–48). Les cinq chapîtres du livre sont consacrés à cinq thèmes centrals du dialogue théologique entre juifs et chrétiens – la plupart catholiques, mais aussi quelques protestants. Dans chaque thème on trouve deux ou trois exposés ré­-digés par des théologiens chrétiens et aussi la réponse d’un théologien juif qui souvent les résume et en fait une lecture critique. Ainsi on a une première partie dédiée aux rapports historiques entre juifs et chrétiens (49–128) grâces aux articles de J. T. Pawlikowski et M. C. Boys – ce dernier sur l’enseignement de l’Église au sujet de la mort de Jésus –, suivis d’une réponse de M. Saperstein. La deuxième partie (129–175) est consacrée au thème de l’élection et J. Svartvik y propose une lecture de la lettre aux Hébreux 8,13 (»une attente eschatologique, un désir pour les temps futurs«; 140) et non historique (celle qui ferait référence à la chute de Jérusalem) en écartant ainsi clairement une théologie de la substitution. De son côté, D. J. Harrington met en question la validité de la notion de séparation entre judaïsme et christianisme (»the parting of the ways«) et souligne la tradition commune qui, d’après lui, n’a pas été abandonnée dans les écrits du Nouveau Testament. Ces deux contributions méritent la réponse de T. C. Eskenasi, bibliste juif de Los Angeles (USA). Le sens de la judaïté de Jésus en ce qui concerne la christologie est le thème commun traité par H. H. Henrix et B. U. Meyer, dans la troisième partie (177–237) où E. Kessler leur répond. Henrix affirme dans le titre de son article que »le Fils de Dieu est devenu homme hébreu« tandis que Meyer essaye de justifier la thèse que la judaïté ou hebraïcité de Jésus est centrale dans n’importe quel discours christologique. La quatrième partie (239–321) s’attarde sur le Dieu Un et Trinitaire et l’enjeu est le monothéisme par rapport à la christologie et la théologie trinitaire. A. Gregerman donne une réponse qui fait ressortir l’opinion des auteurs chrétiens soucieux de trouver de nouveaux languages exprimant l’indicible (E. Groppe, Ph. A. CunnighamD. Pollefeyt, G. M. Hoff). Finalement, l’ecclésiologie et la liturgie entrent dans la dernière partie d’articles (323–405), écris par Ch. Rutishauser, Th. J. Norris et L. Tracey, auxquels répond clairement R. Langer. Un index de thèmes (407–412) ter­mine la publication.

Précisément, une affirmation de Ruth Langer résume le point essenciel du »décalage« théologique que l’on retrouve dans ce livre: »Il y a un besoin théologique mieux senti de la part du christia-nisme que de la part du judaïsme« (405). En effet, on a l’impression que les théologiens chrétiens veulent aller au delà des chemins que leur collègues juifs sont disposés à poursuivre. Les réponses juives sont unanimes à louer le changement de perspective de la théologie chrétienne et, surtout, l’apparition d’une pensée ecclésiale qui reconnaît ce qui est déjà central dans la théologie néotestamen­taire mais que les brouillards épais et terribles de l’histoire avaient trés souvent porté à l’oubli: l’élection divine d’Israël, peuple d’une al­-liance ni périmée, ni abrogée. Cependant, ces réponses mettent en évidence les difficultés insurmontables d’un dialogue qui aimerait inscrire le dogme chrétien dans des catégories acceptables par un judaïsme qui se voudrait »dialogant« avec les christianisme. C’est vrai que la foi chrétienne est fille de la foi d’Israel, mais Jésus, reconnu comme sauveur universel est toujours celui qui unit et celui qui sépare, celui qui rassemble et celui qui devient signe de contradiction. Je me demande donc si les efforts immenses des auteurs pour approcher les doctrines trinitaires et christologiques à la foi monothéiste d’Israël ne montrent pas exactement le contraire de ce qu’on voudrait conclure: l’impossibilité d’avancer dans cette direction.

Par contre, il y a des terrains fertiles et suggestifs qui doivent être retenus par une théologie chrétienne responsable et qui méritent un échange sérieux avec le judaïsme. Ces terrains communs doivent toujours être étudiés à partir de ce qui est le trésor commun: les Écritures comme telles (ce que le christianisme appelle Ancien ou Premier Testament), mais aussi les citations des Ecritures dans le Nouveau Testament (celles qui configurent des textes entiers comme Mathieu, Luc, Jean, Romains ou Hébreux). L’interprétation chrétienne des Écritures est une relecture qui se conçoit elle-même comme une approche cherchant le sens du texte et, en dernier lieu, ce que Dieu a voulu communiquer. C’est vrai que la dimension christologique domine souvent cette relecture mais il y a d’autres dimensions (le discours sur Dieu, la notion d’Esprit divin, la reconnaissance de l’assemblée des croyants comme peuple de Dieu) qui peuvent être traitées à part du schéma chrétien promesse-accomplissement. Il faut surtout inviter les théologien juifs à réfléchir sur la vision théologale de Jésus telle qu’elle se manifeste dans les Évangiles. Bref, il s’agit de confronter deux théologies, juive et chré­-tienne, que l’histoire a confronté mais que le présent peut faire dialoguer dans l’autonomie des propos respectifs mais aussi dans le secret d’une révélation qui reste une et unique.