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Ausgabe:

September/2013

Spalte:

953–955

Kategorie:

Neues Testament

Autor/Hrsg.:

McNamara, Martin

Titel/Untertitel:

Targum and New Testament. Collected Essays.

Verlag:

Tübingen: Mohr Siebeck 2011. XIV, 615 S. = Wissenschaftliche Untersuchungen zum Neuen Testament, 279. Lw. EUR 149,00. ISBN 978-3-16-150836-3.

Rezensent:

Thierry Legrand

Ce livre, imposant et de belle facture, réunit une série d’études de Martin McNamara sur 45 années de recherches dans le domaine des targums et du Nouveau Testament. L’a. a rassemblé 23 contributions datées de 1966 à 2011, et la plupart d’entre elles comportent une mise à jour (»Postscript 2010«) qui permet de mesurer l’évolution de la recherche dans ce champ spécifique. L’ouvrage comporte une introduction (»Fifty-Five Years of Targum Study«, 1–24) qui retrace le parcours d’études et de recherches de l’a., tout en montrant l’évolution des études targumiques sur les dernières décennies. Les contributions sont regroupées de manière thématique sous quatre chapitres: 1. Targum and Research; 2. Targum and Language; Targum and Biblical »Exegesis«; 4. Targum and New Testament.
La première partie regroupe sept contributions qui portent pour l’essentiel sur le grand projet de traductions des targums en langue anglaise (cf. 126–117). On retiendra cependant l’intérêt d’une brève étude (»Half a Century of Targum Study«, 48–58) qui retrace de manière utile l’évolution des recherches dans le champ targumique jusque dans les années 80. L’a. parcourt les étapes majeures de l’histoire de la recherche en précisant les orientations prises par les grandes écoles de recherche et l’impacte de trois découvertes majeures: les fragments de targums de la Geniza du Caire, le Codex Neofiti 1 (A. Diez Macho, 1956) et les fragments targumiques de Qumrân (Lv et Job). Une autre contribution (»On Englishing the Targums«, 118–131), publiée en 1986, retrace utilement l’histoire de l’édition et de la traduction des targums depuis les plus anciennes polyglottes (Complutensis, Anvers, Paris, Londres), aux 16 e et 17e siècles, jusqu’aux projets de recherches des années 70. Quelques problèmes de traductions y sont brièvement abordés: traduire le nom divin et les désignations associées (Memra, Shekinah, Dibbura, etc.); rendre compte des jeux de mots et des tournures propres à l’araméen targumique, etc. La dernière contribution (132–160) est une étude de cas intéressante qui présente, de manière synoptique, les traductions des différentes recensions targumiques de Gn 14; une manière concrète de mettre en évidence la richesse de ces traditions et de soulever plusieurs problèmes exégétiques.
Le premier article de la seconde section (164–179) s’intéresse aux liens qu’il est possible d’établir entre les traditions véhiculées par le Targum palestinien (en particulier le Neofiti) et les attestations anciennes provenant de la littérature rabbinique; ceci permet de dégager quelques éléments utiles pour la datation des traditions du Targum Neofiti. Le »Postscript 2010« ajoute plusieurs attestations anciennes et complète avantageusement l’article de 1966. Le second article, »The Language Situation in the First-Century Pales­tine« (180–208), offre un bel exposé sur la situation linguistique des siècles qui ont précédé et suivis la naissance du christianisme. C’est ici l’occasion pour l’a. de préciser différents points linguistiques: les divers stades de l’araméen parlé et écrit; la question de l’utilisation de termes grecs et latins dans les recensions targumiques (l’a. fournit quelques exemples concrets); l’utilisation et la connaissance de la langue grecque en Palestine au 1 er siècle de notre ère.
La troisième section, de loin la plus fournie, s’ouvre par une étude classique, mais utile, sur la méthode targumique d’exégèse du texte biblique (»Interpretation of Scripture in the Targums«, 211–233). L’étude suivante (»Variegated Judaism: Some Targum themes«, 234–288) offre quelques recherches stimulantes sur divers thèmes: les questions de méthodologie dans le domaine de l’étude des targums; le thème la Loi (Torah, commandements); la justice divine (Tg Isaïe, Tg Psaumes); la notion de »mérites« des Pères; les bonnes œuvres et la justice rétributive; l’alliance et la Nouvelle Alliance; l’attente messianique; la repentance; la proximité divine; les enseignements des targums. L’ensemble de cette étude offre un bon parcours des idées développées dans les targums. Les quatre articles suivants transmettent des études détaillées sur des pas­-sages targumiques: 1. la figure de Melchisédek en Tg Gn 14,17–20 et dans la littérature rabbinique et chrétienne (289–317); 2. L’interprétation et la réception du Lévitique dans les traditions targumiques (318–343); 3. l’étude de Tg Neofiti Nb 21 (344–365; 4. l’exégèse de Tg Neofiti Nb 24 (366–391); 5. l’étude historique du colophon du Codex Neofit 1, un manuscrit probablement réalisé entre 1497 et 1499.
La quatrième section de ce livre présente une série d’études plus disparates sur un sujet cher à l’a.: les targums et le Nouveau Testament. La première étude, »Midrash, Apocrypha …« (409–438) étudie la notion complexe de »midrash« et offre un parcours essentiel de l’histoire de la recherche dans ce domaine, à travers les études de quelques figures marquantes: U. Cassuto, R. Bloch, A. G. Wright, R. Le Déaut, G. Porton, J. Neusner, P. S. Alexander, M. Fishbane et J. A. Sanders. L’a. aborde également cette notion dans le cadre de la littérature apocryphe chrétienne. La seconde étude, très brève, porte sur le concept de »Memra« et de »Logos« (439–443); la troisième analyse les résonnances targumiques de l’expression de Jn 14,2–3, »je vais vous préparer un lieu« (444–449); la quatrième s’intéresse au thème de l’exaltation et de l’ascension dans l’évangile de Jean (450–459); la cinquième porte sur Galates 4,24–25 (460–479). Les deux articles qui viennent conclure le volume offrent une synthèse sur la question des liens qui unissent Targum et Nouveau Testament. Comme toujours, l’a. souligne l’importance des considérations méthodologiques dans ce domaine d’étude (485–491), puis il aborde plusieurs thèmes targumiques (491–516) qui sont à mettre en lien avec les idées et les textes du Nouveau Testament: les bonnes œuvres et les récompenses du monde à venir; le thème de la vision. Il s’arrête longuement sur l’expression »Père qui est aux cieux« dont les origines sont à chercher dans le judaïsme préchrétien, mais qui fut une expression réinvestie de sens dans le christianisme primitif (496–503). Des thèmes pauliniens et johanniques sont également étu­diés en rapport avec la littérature targumique (le puits, »l’heure« de Jésus, la seconde mort). La dernière étude, »Targums and New Testament, A Way Forward« (518–531) offre plusieurs exemples de rapprochements possibles et quelques réflexions pertinentes sur la trajectoire complexe des traditions juives depuis l’époque du Second Temple jusqu’à la rédaction tardive des targums rabbi­-niques.
L’ouvrage comporte plusieurs annexes utiles comme un index thématique qui permet aux lecteurs pressés de retrouver rapidement le sujet qu’il recherche. On signalera aussi parmi quatre appendices, la bibliographie des études targumiques de l’a.; une bibliographie générale de plus de 650 titres, et une liste des outils indispensables (éditions, concordances, etc.) pour étudier les targums (439–540). On regrettera cependant que les introductions et les traductions majeures, notamment en français, n’y soient pas mentionnées (par ex. celles de R. Le Déaut).
Cet ouvrage sera utile aux étudiants et aux spécialistes des sciences bibliques puisqu’il permet de bien mesurer les enjeux et les défis de la recherche targumique actuelle. L’a. a marqué ce champ d’études sur près d’un demi-siècle, et les recherches – comme les réalisations concrètes – qu’il a menées sont aujourd’hui rendues accessibles par ce volume et le projet remarquable de »The Aramaic Bible«.