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Ausgabe:

Juni/2011

Spalte:

613-614

Kategorie:

Judaistik

Autor/Hrsg.:

La Bibliothèque de Qumrân. 2

Titel/Untertitel:

Torah. Exode – Lévitique – Nombres. Édition et traduction des manuscripts hébreux, araméens et grecs. Sous la direction de K. Berthelot et Th. Legrand. Ouvrage publié avec le concours du Centre national du livre.

Verlag:

Paris: Cerf 2010. XXXII, 456 S. m. 2 Ktn. gr.8°. Kart. EUR 68,00. ISBN 978-2-204-08773-5.

Rezensent:

Jean Riaud

On se réjouit que deux ans après la parution du t. I de La Bibliothèque de Qumrân, le second nous arrive. Est-ce le signe que les prochains volumes de cette Bibliothèque, conçue et mise en chantier par A. Paul, paraîtront à un rythme aussi régulier? Nous l’espérons et le souhaitons ardemment.
Sous la direction de Katell Berthelot et de Thierry Legrand, ce volume présente les textes liés aux livres de l’Exode, du Lévitique et des Nombres. Comme dans le précédent volume, les textes originaux, hébreux, araméens et grecs sont accompagnés de notes, désignées par les lettres de l’alphabet, qui informent sur les lectures proposées, justifient les restitutions, indiquent les corrections à apporter. Les notes de la traduction éclairent le texte traduit, renvoient à des textes bibliques, qumrâniens ou appartenant à la littérature intertestamentaire.
Viennent en premier les fragments des manuscrits de l’Exode. N’ont été retenus que ceux dont le texte qu’ils transmettent diffère de manière significative du texte massorétique. Signalons dans cet ensemble 4Qpaléo-Exodem (4Qpaleo-Exodem), 4Q22, écrit en paléo-hébreu. Le texte conservé contient les passages du livre de l’Exode, de 6, 25 à 37, 16. Les divergences observées par rapport au texte massorétique concordent souvent avec la version du Pentateuque samaritain. Aussi la version de 4Q22 peut-elle être qualifiée de »proto-samaritaine«. En finale, nous trouvons 7QSeptante de l’Exode (7QpapLXXExode), 7Q1. Le texte préservé par ce papyrus, daté du tournant du ler siècle avant notre ère, correspond à Ex 28,4–7. La version grecque préservée par ce manuscrit, est différente de la LXX, mais très proche du texte massorétique. Les manuscrits de l’Exode sont présentés, traduits et annotés par Stéphanie Antonioz, Jean-Claude Dubs, Michael Langlois et Thierry Legrand.
Au moins quinze manuscrits des Jubilés dans l’original hébraïque étaient déposés dans les grottes de Qumrân. De ce livre qui reprend nombre de passages de la Genèse, il ne subsiste que des fragments dont les mieux conservés sont regroupés dans la présente édition, soigneusement comparés par David Hamidovic à la version complète des Jubilés en éthiopien. Les analyses paléographiques datent les manuscrits exhumés dans les grottes de Qumrân entre la fin du IIe siècle av. J.-C. et le début du Ier siècle ap. J.-C. La copie la plus ancienne, le manuscrit 4Q216 que l’on date entre 125 et 100, permet d’avancer que les Jubilés auraient été composés dans la seconde moitié du IIe siècle av. J-C. Prennent place dans cette seconde partie les fragments des Pseudo-Jubilés, présentés par T. Legrand et Les visions du testament d’Amram (4QVisions of Amrama-f-g?ar). Ce texte, attesté par au moins cinq manuscrits datés du milieu du IIe s. au milieu du Ier siècle av. J.-C., est présenté par K. Berthelot.
Douze manuscrits du Lévitique en hébreu ont été retrouvés dans les grottes 1, 2, 4, 6 et 11, dont quatre écrits en paléo-hébreu. À ces douze exemplaires s’ajoutent deux rouleaux en grec trouvés dans la grotte 4, et deux manuscrits découverts à Massada. On a retrouvé aussi dans la bibliothèque de Qumrân une traduction araméenne très littérale de quelques versets du Lévitique (16,12–15; 16,18–21) qui décrivent le rite du jour des expiations, faite à partir d’un texte hébreu semblable au texte massorétique (4 QtgLev), 4Q156. Cette traduction pourrait provenir non d’un targum au sens strict, mais d’un ouvrage liturgique en araméen transmettant la traduction de quelques passages bibliques. Quatre exemplaires du Lévitique ont été retenus en raison des variantes qu’ils contiennent. Les manuscrits en grec donnent des traductions différentes: 4QLXXa, 4Q119, contient des variantes reflétant un texte hébreu différent de celui sur lequel repose la Septante. En revanche, 4QpapLXXLevb, 4Q120, offre un texte proche de la Septante, mais qui utilise le nom divin Iaô au lieu de Kurios (LXX).
De tous les livres de la Torah, celui des Nombres, dont six à sept exemplaires en hébreu ont été retrouvés à Qumrân dans les grottes 1, 2 et 4, est le moins représenté. Les manuscrits en hébreu sont globalement conformes au texte massorétique, sauf 4QNombresb, 4Q27, le manuscrit le mieux conservé, souvent proche du Pentateuque samaritain. S. Anthonioz et Th. Legrand en présentent une traduction volontairement littérale, afin de bien mettre en évidence les variantes mineures et majeures de ce manuscrit, le seul retenu par les éditeurs. Le manuscrit grec 4QSeptante des Nombres, 4Q121 qui date du tournant de notre ère, repose probablement sur un texte hébreu plus proche du texte massorétique et plus ancien que celui à partir duquel fut établie la Septante.
Plusieurs manuscrits non bibliques en rapport avec le Lévitique et les Nombres ont pris place après l’ensemble des manuscrits bibliques correspondant à ces deux livres. Il s’agit de textes relatifs aux lois de pureté rituelle comme les lois concernant les flux et les liquides, 4Q274, le rituel de la vache rousse, 4Q276–4Q277, des rituels de purification, 4Q284, 4Q414, 4Q512, des ordonnances, 4Q514. Ce dernier est composé de trois fragments, dont seul le premier, reconstitué à partir de cinq morceaux de cuir, atteint une taille significative. Il traite des conditions auxquelles les personnes impures peuvent consommer de la nourriture. Ces textes, introduits par K. Berthelot, sont présentés, traduits et annotés par P. Mpunga Muzinga.
Un index des sources anciennes, un glossaire des termes techniques, et un index des manuscrits (référence des manuscrits; titre français; titre courant) complètent ce volume à la présentation impeccable.